Nous avons commencé à nous déplacer du fait de la présence de la police

par Communauté de Paix de San José De Apartadó
(Traduction Arlac)

1er avril 2005

Depuis le 30 mars, la police pénètre dans le hameau de San José.

La Communauté de Paix de San José de Apartadó annonce que, aujourd'hui 1er avril, nous avons commencé à nous déplacer de la commune de San José. Depuis le 30 mars, la police pénètre dans le hameau de San José avec des psychologues, des sociologues, avec des personnes qui nous filment et nous remettent des tracts où il est question d'un travail conjoint de la police avec la communauté et qui a fait l'objet d'une concertation avec nous. Le 30 mars, ils sont arrivés vers 14 heures et ont distribué des tracts déclarant que la police réaliserait des travaux éducatifs avec les enfants, résoudrait les conflits, mènerait un travail social ; après nous avoir filmés, ils sont repartis vers 14h40. Le 31 mars, vers 11 heures, est arrivée à l'entrée du hameau de San José une moto avec deux personnes en civil, portant des armes légères, puis est venu l'aumônier de la police, qui a annoncé avec un mégaphone l'arrivée de la police. Une demi-heure plus tard est arrivé un véhicule transportant une centaine de personnes, parmi lesquelles des policiers avec des bonbons et des tambours, qui ont invité la communauté à travailler avec la police et ont filmé le hameau et ses habitants. Certains enfants ont refusé les cadeaux et les bonbons qu'ils distribuaient et la communauté en a fait de même. Face à cette réaction, des policiers et l'aumônier se sont fâchés et nous ont dit que nous allions le payer très cher.

Ce que fait le gouvernement est véritablement outrageant. L'armée a massacré huit personnes, parmi lesquelles un leader de la communauté et, en guise de réponse, on nous envoie la police pour soi-disant résoudre nos problèmes et faire un travail social, oubliant les quatre réunions qui ont eu lieu avec le Vice-président au sujet de la prétendue concertation sur l'installation du poste de police (la dernière s'est tenue dans la dernière semaine de janvier, en présence de Luis Eduardo, leader assassiné).

Face à cette situation, nous voyons bien qu'il est inutile de continuer de dialoguer en ce moment avec le gouvernement pour poursuivre la concertation des mesures provisoires. Pendant deux années, nous nous sommes réunis périodiquement avec ses délégués dans le cadre de la concertation desdites mesures et tout ce que nous constatons, c'est une augmentation des agressions et une tentative de torpiller notre processus. Exerçant notre droit de pétition, nous demandons à connaître la position du gouvernement vis-à-vis de la communauté et souhaitons savoir si les mesures de protection seront prises de manière concertée, comme l'a ordonné la Cour interaméricaine. L'unique réponse que nous ayons obtenue est l'arrivée de la police et ses actions psychosociales. Le gouvernement a décidé de faire la guerre face à une communauté qui croit en la paix et qui vit en paix. Désormais, nous garderons le silence avec les instances de l'État, nous ne maintiendrons une communication permanente qu'avec la Defensoría du peuple et avec les services nationaux du procureur pour que l'on surveille notre groupe de maisons et qu'il soit respecté comme la propriété privée qu'il est.

Nous nous déplaçons vers l'exploitation La Holandita, propriété de la Communauté. Nous avons laissé nos foyers fermés et avons demandé à la Defensoría de vérifier l'état dans lequel ont été laissées les maisons à San José. Nous avons filmé le hameau pour garder une trace de son état et avons dressé un inventaire par maison, pour empêcher les montages comme ceux qu'a essayé de faire la force publique pendant des années. Nous exigeons que soient respectés nos logements et nous espérons y retourner un jour. Nous espérons également qu'ils ne seront pas pris par les paramilitaires, comme ce fut le cas dans de nombreux endroits du pays.

Nous avons toujours dit que nous vivons au milieu de la guerre. Nous n'acceptons pas les déclarations qui nous ont été faites et c'est pourquoi nous nous en tenons à nos principes de neutralité. Nous exigeons le respect du lieu où nous habitons, qui est une propriété privée. Nous exigeons que les acteurs armés respectent notre processus, les zones humanitaires et les familles qui ont décidé de rester dans le hameau de San José. Nous n'acceptons pas l'infamie de ceux qui préfèrent dire que les familles ont été obligées de partir ou que cela a été une décision des seuls leaders. C'est une décision collective et ceux qui ne la partagent pas en ont parfaitement le droit. Nous restons fermes dans la recherche du respect de la population civile, étrangère à tout acteur armé.

Nous en appelons à la solidarité internationale et nationale en ces temps de tentative de destruction de notre processus. Nous savons qu'un jour, l'histoire jugera ces faits, ces outrages, ces injustices, ce crime contre l'humanité perpétré contre notre communauté. Le jour viendra également où un gouvernement respectera les initiatives de paix qui naissent dans les communautés civiles qui souffrent de la guerre, nous croyons que ce qu'ils ont fait avec nous est une erreur historique pour le pays et pour l'humanité, et celle-ci se chargera un jour de le juger.

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