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Une analyse de l’implementation du programme Eurosocial
L’Europe face au défi de la cohesion sociale en Amérique Latine
Leticia Barrios Trullols / mercredi 10 septembre 2008
 

En 2004, suite au Sommet de Guadalajara entre l’Union Européenne et l’Amérique Latine, la Commission Européenne décidera la création du programme régional EUROsociAL.

L’objectif du programme sera la promotion de la cohésion social dans le continent latino-américain à travers de l’échange d’expériences entre les administrations/institutions américaines et les européennes.

Le programme se divise en cinq thématiques ou secteurs d’actuation, identifiés comme importants pour la cohésion sociale, la justice, la fiscalité, la santé, l’emploi et l’éducation.

Pour les quatre premières années de vie, le programme dispose d’un budget de 36 millions d’euros.

EUROsociAL est un programme spécialement complexe au niveau structurel et organisationnel. Chaque secteur d’actuation est géré par un « Consortium », constitué par des entités publiques européennes et l’ensemble de Consortiums est coordonné par un organisme de coordination (CICO) à Madrid.

L’implantation, la gestion et le suivi du programme est effectuée au départ de Bruxelles, plus précisément de l’Unité d’Opérations Centralisées pour l’Amérique Latine d’EuropeAid.

Pendant cinq mois, j’ai eu la chance de travailler pour cette Unité, sous la direction du « Programme Manager » d’EUROsociAL.

Pendant mon stage j’ai suivi le développement du programme, j’ai eu l’occasion de garder des contacts avec l’organisme de coordination, les différents Consortiums et d’assister à de multiples réunions internes.

Cette expérience m’a permis de voir les avantages mais aussi les énormes difficultés d’un programme de coopération si ambitieux comme EUROsociAL, les défis qu’on a du faire face et qu’on devra faire dans le futur, la lenteur de la procédure et la façon de travailler toujours en question de la coopération au développement européen.

A cause de mon intérêt pour l’Amérique Latine et aussi pour EUROsociAL, je décide de travailler plus profondément sur le sujet et de centrer mon mémoire du DES en Coopération au Développement, sur la cohésion sociale et l’implantation d’EUROsociAL en Amérique Latine, plus spécialement en Colombie.

La réalité colombienne est spécialement complexe, des hauts niveaux d’inégalités, d’exclusion, narcotrafic, terrorisme, haute criminalité. C’est à cause de la singularité de ce pays, que j’ai cru intéressant de lui donner une attention spéciale dans mon travail.

Ma connaissance de la réalité latino-américaine et colombienne mais aussi du programme EUROsociAL m’amène a me questionner sur la capacité du programme a produire des vrais changements au niveau de la cohésion social considérant les grands défis d’inégalité et d’exclusion qui existent aujourd’hui au continent latino-américaine.

EUROsociAL serait-il capable de promouvoir des changements au niveau de cohésion sociale qui résultent en sociétés latino-américaines, plus justes et égalitaires, ou par contre EUROsociAL est un programme insuffisant, trop modeste et très peu consolidé pour agir sur le manque de cohésion sociale en un contexte si difficile comme le latino-américaine.

EUROsociAL se présente a mes yeux comme une initiative trop modeste et discrète de la coopération européenne si elle se fixe comme objectif de renforcer la cohésion sociale et finir avec l’inégalité des sociétés latino-américaines.

Tout au long de mon mémoire, j’essayerai de montrer les lacunes et déficiences d’EUROsociAL, mais aussi la complexité de la réalité sociale, économique et politique d’Amérique Latine.

C’est aussi l’objectif de mon travail, de se questionner sur les possibles raisons qui motivent la continuité d’un programme comme EUROsociAL, incapable pour le moment de montrer des résultats remarquables, quels sont les intérêts de son prolongement si la Commission Européenne est consciente de son insuffisance.

Concernant la structure du travail, j’ai divisé le mémoire en trois grandes parties et ensuite la conclusion.

Dans la première partie, je fais un bref parcours sur les relations birégionales entre l’Union Européenne et l’Amérique Latine. Il s’agira de définir la place de la région dans l’ensemble d’intérêts de politique de coopération au développement de l’Union Européenne.

Je ferai une attention spéciale au Sommet UE-AL de Guadalajara de 2004 et l’apparition ensuite de la cohésion sociale comme l’axe fondamental des relations bilatérales et la création du programme EUROsociAL qui prétend être la concrétisation de la préoccupation de la Commission Européenne pour la problématique de la cohésion sociale en Amérique Latine.

Dans cette première partie, je décris également le programme régional EUROsociAL, ses objectifs, ses résultats, la complexité de sa structure et de son fonctionnement mais aussi ses déficiences.

Dans la première partie, je recherche aussi les raisons de l’intérêt de la Commission Européenne d’insérer la cohésion sociale dans l’agenda des relations birégionales.

La Commission Européenne voit dans les déséquilibres de la région latino-américaine, un danger pour ses intérêts en politique commerciale ou par contre la promotion de la cohésion sociale répond à un essai de cohérence politique de répandre son propre modèle social européen au continent latino-américain.

Dans la deuxième partie, j’essaie de refléter la réalité politique, social et économique très complexe d’Amérique Latine. La concentration de la richesse, la problématique d’exclusion et marginalisation, l’inégalité horizontale, la corruption, le caudillisme, la faiblesse des institutions et administrations, le besoin des réformes dans le système fiscale et dans la politique agraire, le manque de volonté politique pour mener des changements significatifs.

Dans cette partie je centre mon analyse sur la Colombie, qui aux problèmes caractéristiques de toute la région, on y ajoute le narcotrafic, le conflit civil, la délinquance et la corruption politique qui font de la Colombie, le pays le plus inégal et dangereux du continent.

Dans la troisième partie, j’essayerai de compiler des propositions d’experts en la région latino-américaine pour apporter une véritable solution à cette problématique de manque de cohésion sociale.

La nécessité urgente des changements structuraux au sein des pays latino-américains, surtout en relation au système fiscal, la création d’un pacte ou contrat social. Le besoin de réexaminer le rôle de l’Union Européenne en Amérique Latine qui doit être plus ferme face aux conflits comme le colombien, l’Union Européenne doit gagner visibilité et crédibilité en Amérique Latine, doit se constituer en une alternative à la politique belliciste des Etats-Unis.

Des autres modèles de coopération sont nécessaires pour mieux faire face a la réalité d’inégalités d’Amérique Latine, des modèles plus centrés sur le soutien politico institutionnel et qui encouragent des processus de réforme réels et profondes.

Finalement dans la conclusion je prétends revenir sur les arguments principaux de mon travail et à l’hypothèse sur l’inefficacité et l’insuffisance d’EUROsociAL pour faire face a l’énorme défi que constitue la cohésion sociale en Amérique Latine.

Dans la conclusion j’ai trouvé intéressant signaler quelques paradoxes en la conduite de l’Union Européenne, surtout concernant la politique de coopération qui pouvaient ouvrir des perspectives de recherche futures.

Il faut exiger plus de cohérence au discours de l’Union Européenne, si l’Europe veut finir vraiment avec les inégalités et la pauvreté en Amérique Latine qu’elle définisse comme d’affront a la dignité humaine, pourquoi elle freine la croissance économique de la région latino-américaine en interdisant l’entrée de ces produits agricoles aux marchés européens [1].

Aujourd’hui plus que jamais est mis en question la capacité du modèle social européen à donner des réponses aux besoins de la croissante population européenne, pourquoi l’Union Européenne prétend donc implanter un modèle en crise à la région latino-américaine.

En dernier lieu, il faudra se questionner sur les possibles raisons qui motivent la continuité d’EUROsociAL, un programme incapable pour le moment de montrer des résultats remarquables, quels sont les intérêts de son prolongement si la Commission Européenne est consciente de ses déficiences.

Finalement, dans les annexes on peut trouver deux documents officiels de la Commission Européenne, la Déclaration de Rio et la Déclaration de Guadalajara, résultants des Sommets Union Européenne – Amérique Latine et qui concrétisent les lignes directrices des relations birégionales.

J’ai trouvé nécessaire, d’ajouter aux annexes la Guide Méthodologique du programme EUROsociAL, qui a été élaboré par l’organisme coordinateur du programme et exprime d’une façon très détaillée, la structure, le fonctionnement et les objectifs d’EUROsociAL. Comme signalé dans la première partie du mémoire, j’essaye d’exprimer brièvement les traits caractéristiques du programme mais si le lecteur a besoin d’information plus concrète, je le renvoie au Guide Méthodologique.

En dernier lieu, j’ai sélectionné un certain nombre de graphiques que je considère pouvant illustrer très bien la problématique d’inégalité d’Amérique Latine.

J’espère apporter tous les éléments nécessaires pour permettre au lecteur de se faire une image du programme EUROsociAL et aussi de la réalité latino-américaine.

Concernant la Méthodologie utilisée pour la réalisation de ce travail, l’observation et l’expérience propre ont joué un rôle très important.

Comme mentionné dans l’introduction, mon stage sous la direction de la personne en charge de l’implantation d’EUROsociAL, m’a aidé a assister à plusieurs réunions internes avec l’organisme de coordination, les différents Consortiums, avec l’entreprise en charge de l’évaluation à mi-parcours du programme et aussi avoir un accès plus aisé sur certains documents de gestion du programme.

Je suis consciente qu’il aurait été très enrichissant pour mon travail, d’entretenir des personnes liées à l’exécution du programme à la Commission Européenne mais finalement j’ai considéré qu’ils me donneraient une vision trop partielle et subjective du programme et que je pouvais trouver les informations nécessaires dans des documents.

La recherche sur le terrain aurait été aussi une option intéressante, surtout en Colombie, pendant mes mois de stage, j’ai essayé de contacter la Délégation de la Commission Européenne à Bogotá dans l’espoir de trouver une personne qui aurait pu me renseigner sur EUROsociAL et sur les institutions colombiennes participantes au programme, la réponse arrivera quatre mois plus tard, ce qui ne m’a pas permis de mener des nouvelles recherches.

Pour représenter la réalité latino-américaine, j’ai utilisé des informations dans des rapports de la CEPAL, de la Banque Mondiale, de l’OCDE, d’ALOP, des articles scientifiques du Foreign Affairs et aussi des documents des auteurs et revues spécialisées dans les relations Amérique Latine – Union Européenne.

A cause de la récente apparition de la cohésion sociale dans les relations birégionales Union Européenne – Amérique Latine, il m’a été spécialement difficile de trouver des articles qui mentionnent EUROsociAL et qui parlent de son exécution et ses résultats.

J’ai mené la plupart de mes recherches au Centre de Documentation de Barcelone (CIDOB), centre spécialisé en relations internationales.

[1La structure douanière de l’Union Européenne pénalise fortement les produits agricoles, avec un tarif douanier environ le 31%.