Attaque juridique, militaire et paramilitaire contre la Zone de réserve paysanne de la Vallée du Cimitarra

Arrestation de Álvaro Manzano, ancien président de l'ACVC

par l'Association paysanne de la Vallée du Cimitarra
Zone de réserve paysanne, 25 avril 2005

Le 24 avril à 16 heures, Álvaro Manzano, dirigeant agraire reconnu du Magdalena Medio, ancien président de l'Association paysanne de la Vallée du Cimitarra (ACVC) et ancien conseiller de l'Unión Patriótica dans la commune de Yondó, a été arrêté par des militaires du Bataillon Nueva Granada.

Les militaires avaient pris le hameau de Notepases, où vit le dirigeant social, des heures avant son arrestation, violant le droit à la liberté de mouvement des habitants, pour empêcher que Álvaro soit averti de l'intention de l'Armée de l'arrêter dans le cadre de l'exécution d'un mandat d'arrêt.

Álvaro, avec d'autres leaders de l'ACVC, faisait l'objet d'un mandat d'arrêt fondé sur des montages judiciaires, qui cherchent à démanteler l'ACVC en emprisonnant ses dirigeants. Cette stratégie a été associée à l'assassinat sélectif de dirigeants et de membres de base de l'ACVC, par l'Armée et ses sbires paramilitaires, comme dans le cas des homicides de nos camarades Orlando Triana Moncada, Diomedes Playonero, Carlos Ramírez et Nelcy Cuesta, pour n'en citer que quelques-uns.

Après l'attaque contre la Communauté de paix de San José de Apartado, qui a combiné des stratégies juridique, militaires et paramilitaires et qui s'est achevée par un massacre par l'Armée, au cours duquel a été assassiné Luis Eduardo Guerra (r.i.p.), c'est maintenant le tour de la Zone de réserve paysanne de la Vallée du Cimitarra.

Aujourd'hui également, le paysan Hernando Agudelo Rodríguez a été arrêté arbitrairement dans le hameau de Puerto Nuevo Ité. Quand ses proches ont demandé à l'Armée si elle avait un mandat d'arrêt pour l'emmener, le lieutenant Rojas, du Bataillon Calibío de la XIVe Brigade, a répondu qu'il faisait comme bon lui chante, que pour cela, l'autorité, c'était lui et qu'il l'emmenait à Segovia, où les paramilitaires font tourner un abattoir pour êtres humains.

Dans les hameaux du sud de Bolívar, qui font partie de la Zone de réserve paysanne, 200 paramilitaires du Bloc Central Bolívar déambulent actuellement, et depuis deux jours, à la recherche de qui d'autre, en plus des commerçants du village, ils pourraient tuer. Où s'exerce l'autorité du lieutenant Rojas? Quelle autorité?

Reynado Restrepo est détenu depuis deux jours dans le centre urbain de Segovia, au centre pénitentiaire, pour le délit d'être l'administrateur de la ferme paysanne d'élevage à double but, financée par l'Union européenne. En outre, l'Armée a dérobé divers outils et matériels de l'exploitation. Depuis son arrestation, l'Armée ne lui a rien donné à manger, l'idée semblant être de le torturer subtilement par la faim.

Il y a quelques heures, au lieu dit "Puerto Amor", à cinq minutes de Notepases, où a été capturé Álvaro Manzano, on a vu un groupe d'hommes fortement armés, qui portaient des brassards des AUC (sigle derrière lequel se cachent tous les contractants de l'État colombien utilisés dans la sale guerre contre les organisations sociales).

Pendant la seconde Action humanitaire dans le nord-est d'Antioquia, la XIVe Brigade de l'Armée a fait tout ce qui était militairement possible pour saboter une activité civile qui cherchait à faire connaître le blocus alimentaire et sanitaire et à dénoncer les violations des droits humains que subit la population paysanne de la région, aux mains des militaires et paramilitaires depuis des années. C'est ce que constatera le rapport de l'Action humanitaire que produisent plus de 20 organisations nationales et internationales.

Tous ces faits ne sont pas isolés, ils visent un seul objectif : en finir avec notre organisation et avec notre proposition territoriale de Zone de réserve paysanne, au moyen d'actions judiciaires, militaires et paramilitaires, dans le meilleur style de l'État colombien.

Il ne nous reste plus qu'à lancer un nouvel appel urgent à la solidarité nationale et internationale. Pour que l'on envoie des appels, des lettres, des fax, des courriers électroniques au système des Nations unies, aux organismes de l'Union européenne, pour demander leur appui politique à notre action sociale, et au gouvernement colombien pour exiger que cesse la répression contre une organisation de civils comme l'ACVC.

Nous exigeons de l'État colombien la libération immédiate de Álvaro, Reynaldo et Hernando, dans les conditions nécessaires pour qu'ils reviennent sains et saufs auprès de leurs familles.
Nous exigeons du gouvernement qu'il fasse une déclaration publique dans laquelle il reconnaisse, si tel est le cas, que l'ACVC, organisation de paysans civils, est un objectif militaire de l'État colombien.

Nous exigeons de l'État qu'il permette à l'ACVC de développer sa proposition de Zone de réserve paysanne, sans inventer de nouveaux gels du décret qui l'a créée, sans lancer de nouvelles procédures judiciaires contre ses dirigeants, sans plus de blocus alimentaires et sanitaires, sans plus de détentions ni d'assassinats.

Nous voulons simplement vivre tranquillement sur le territoire vers lequel nous avons été déplacés de force et développer nos propositions de développement au milieu de la guerre, pour créer des conditions de vie digne.

S'ils ne peuvent se charger de la vie et du développement, qu'ils nous les laissent. Qu'ils fassent leur guerre destructive, mais pas contre nous.